Qu’est ce que la dépendance affective ?

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Revenons à la période de l’enfance et de l’adolescence

L’enfant a ses idées, il sait au départ se projeter en toute liberté, sans compression, sans interdits dans son monde imaginaire. La construction parentale est nécessaire, des rails quel qu’elles soient, l’enfant en a besoin.
Travaillant à Madagascar avec les enfants dans l’humanitaire, les enfants qui grandissent dans les rues, à l’âge de l’adolescence présentent de nombreux troubles psychiques.
Cet enfant a appris à être conditionné, à obéir, à remplacer ce qui était en lui d’inné par des certitudes, des habitudes, des présupposés, des croyances. Il s’est appareillé de béquilles pour vivre dans ce monde pratique, matériel et pragmatique où il faut être performant quel que soit le prix à payer. Il apprend qu’il faut être conforme, adapté et heureux, il n'a pas le droit d’être déprimé (looser), être un pion d’un système qui est censé marcher. Il y a des pressions de tous les instants, ce qui pourra entrainer par la suite la recherche d’un produit miracle.

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Nous produisons en permanence de la souffrance car nous avons des tendances à nous approprier ou à rejeter. « A chaque fois qu’il y a appropriation, la chose qu’on s’approprie comme on est de passage, cela passera et la chose que l’on rejette, comme elle est de passage, elle reviendra. ». Cela ne produit donc que de l’insatisfaction.

Nous sommes formatés depuis notre enfance à entendre « Si tu obtiens telle ou telle chose tu seras heureux ». Mais si on a éprouvé du bonheur quand l’objet qui nous le faisait éprouver, meurt ou au minimum change, on perd cet état qui nous satisfaisait et si on rejette quelque chose qui ne nous convient pas, cette chose là nous fait aussi souffrir car on a beaucoup de mal à couper et à ne plus entretenir de relation avec la pensée, les émotions, les sentiments. Nous sommes donc accaparés par les objets. Il est assez difficile de ralentir ou d’arrêter ce fonctionnement.

L’Ego a la particularité de s’approprier en gardant et en rejetant. Rejeter quelque chose de quelqu’un c’est s’approprier une certaine liberté, le repousser, on pense que cela va produire de la liberté.

Le Moi, l’Ego ne peut pas être libre, il ne peut qu’être pris, enchainé, emprisonné de plein de façons différentes. Cela nous arrive parfois d’avoir des expériences d’intense liberté, dans ces moments-là il n’y a plus personne à l’intérieur de soi, mais le sentiment d’identité revient dès que l’on perd cette splendeur de la liberté.

Si je m’approprie quelque chose, quand je suis propriétaire de cet objet, je suis pauvre du monde, le problème est que si je m’approprie avec trop d’intensité, je vais perdre cette chose ou quelqu’un et la tension va rester. Je ne l’ai plus mais je suis très tendu, plus crispé. Cette crispation qui fabrique mon identité, je suis pauvre du monde.

Cette notion de lâcher prise signifie de détendre la crispation qui n’est qu’une mémoire, il n’y a plus rien, plus d’objet, il n’y a plus que la mémoire, la nature de l’objet c’est de passer, combien de temps nous faut il pour lâcher ce que l’on ne possède plus ?

C’est évident intellectuellement mais la mémoire accumulée empêche de lâcher et il nous faut plus ou moins longtemps pour y parvenir, parfois toute une vie.

Mais la solution ponctuelle des addictions pour ne plus souffrir, s’approprier, remplir le vide, se croire libre, ne dépendre de personne est une solution à court terme.

Chez Freud, la séparation est la première expérience avec la mère de la douleur de la perdre de vue

Ce qui engendrera par la suite de mettre fin à cette souffrance chronique qu’est l’autre, qu’on ne peut posséder.

L’addiction viendrait combler le manque comme pour le jeu de la bobine de Freud : l’enfant joue avec une bobine, la lance, l’attrape puis la relance, il joue avec la perte de l’objet

Pour qu’un enfant se développe, il faut qu’il se nourrisse physiquement, avec son esprit, en affectivité et en sociabilité. S’il ne va pas bien il s’ampute d’une de ces potentialités

Le début de l’adolescence est signalé par le début de la puberté avec des transformations physiques, et psychiques. Cela provoque donc une réorganisation entière de la personnalité.
En moyenne : 12 ans et 8 mois chez la fille, 13 ans et 6 mois chez le garçon. La puberté arrive tellement tôt, surtout chez la fille, que cela peut provoquer un effet traumatique.

L’adolescence confronte au processus de séparation/individuation, ce qui en fait une période propice à l’installation des conduites addictives. (Ceci est d’autant plus vrai lorsque le travail de séparation s’opère mal laissant à vif la blessure narcissique qui survient avec le développement de la conscience de soi.)

L’adolescent va avoir besoin de temps pour intégrer son nouveau corps. L’évolution physique est plus rapide que l’évolution psychologique.

Il prend conscience qu’il devient responsable, c’est une rupture fondamentale avec l’enfance (c’est la mort symbolique de l’enfance)

Le cerveau adolescent est différent. Il n’a pas terminé sa croissance. Cela a pour conséquence que les adolescents n’agissent pas comme les adultes face aux contraintes sociales, pulsions instinctives et autres pressions. La maturité au niveau du cerveau est à 25 ans

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L'adolescence est une période de pertes et de deuils successifs

- Perte d’un certain type de relation avec les parents et à l’entourage,
- Perte des démonstrations affectueuses, le parent ne fait plus à la place de l’adolescent
- Perte de l’image du parent idéal, il prend conscience de leurs défauts
- Perte de références : changement d’école, d’entourage, d'amis…, changement d’investissements, d’intérêts

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Ses moyens de défense

- Agressivité,
- Opposition, Mutisme,
- Faire paraître,
- Clivage : passer d’un extrême à l’autre,
- Intellectualisation.

En fait, il s’agit de la crise d’adolescence « normale ». Elle est utile dans la structuration de la personnalité et nécessaire pour le passage au stade adulte.
– Les adultes doivent accompagner cette période et ne pas la rejeter
– Ce n’est pas un choix de se détruire surtout pour un adolescent
– La puberté est une menace d’équilibre : problème de territoire, ouverture aux libertés, il faut mettre en œuvre ses ressources personnelles. Période révélatrice de ses ressources narcissiques, de son estime de soi, de son degré de confiance
– Plus il se sent en insécurité, plus il va vers des conduites addictives, il se sent menacé dans son autonomie

Je répète souvent à mes patients : « attendre c’est dépendre »

C’est cette attente qui donne en l’autre le pouvoir sur soi, attente d’une relation d’amour, attente tous azimuts et cela nous met dans la peur de souffrir, d’être persécuté, de perdre.

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