Addictions alimentaires

Les troubles du comportement alimentaire sont des réponses désespérées à un sentiment d’impuissance. C’est le chemin de la destructivité au lieu du chemin de la créativité.
L’anorexie met l’accent sur la maîtrise, le contrôle et le caractère obsessionnel ; la boulimie sur la dépression et l’impulsivité.

info
C’est une addiction, je me maltraite mais je continue.

"Je vais chercher un comportement pour m’apaiser et je ne sais pas m’arrêter."

Anorexie/Boulimie

Les anorexiques comme les boulimiques sont des obsédés de la nourriture. On ne peut pas forcément les reconnaître à leur comportement, car souvent ils se cachent, mais plutôt dans leur discours et à leur personnalité.

Comme l’anorexique, le boulimique a aussi peur de grossir, mais ne désire pas être toujours plus maigre.  Les boulimiques vomisseurs(es) peuvent être plus maigres que les anorexiques.

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Les signes qui peuvent attirer l’attention de l’entourage familiale et médical chez l’anorexique et le boulimique vomisseur​

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Les origines

Anorexie

L’anorexique peut se mettre au jeun complet, maîtriser la quantité du moindre aliment qu’il grignotera. Il devient dépendant de son comportement car cette conduite alimentaire le protège de sa peur de devenir boulimique, et son anorexie lui apparait indispensable à son équilibre psychique. Cela a du sens pour lui, cela peut devenir thérapeutique à ses yeux, cela lui apporte un relatif bien être, cela lui donne une identité, une possibilité de se différencier, un pouvoir sur les autres, il se sent puissant.

La personne se manipule elle-même, se ment à elle-même.

Il y a une sorte de sécrétion, comme un shoot d’opium dans le cerveau, une jouissance endogène que l’on peut générer soi-même, une jouissance biologique et une jouissance sociale, une coupure par rapport aux autres.

Rester dans la continuité du malheur plutôt que dans le bonheur qui serait facteur de changement, la rupture de cette souffrance est plus dangereuse que le changement.

La prévalence de l’anorexie chez les femmes est réelle, on la voit apparaitre dans la société par les publicités sur les femmes grandes et minces. Mais en réalité, souvent les anorexiques et les boulimiques n’ont pas conscience de leur corps, ils ne prêtent pas attention à leur image, ce qui compte c’est de se sentir exister, c’est contrôler, maitriser. S’agripper à son anorexie ou à sa boulimie permet une façade, comme un bouclier contre la peur.

info

L’anorexie mentale touche, dans huit cas sur dix, des jeunes filles ou des jeunes femmes et, dans deux cas, des jeunes garçons ou des hommes. Elle concerne de 2 % à 4 % des jeunes filles, en fonction de la définition des troubles utilisée, et son incidence aurait augmenté après 1945.

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Clinique de l’anorexique

Le tableau clinique est très caractéristique. Il peut se constituer en 3 à 6 mois, après une période marquée par un désir de « suivre un régime » pour perdre quelques kilogrammes jugés superflus. À noter que dans quelques cas il existait une réelle et discrète sub-obésité infantile.

En général, ce désir initial est accepté par la famille, d’autant que parfois d’autres membres (la mère le plus souvent) entreprennent un régime identique.

L’événement déclenchant prend le plus souvent l’aspect d’une perte-séparation. La restriction alimentaire s’aggrave et le syndrome anorexique devient évident.

L'anorexie ne devient néanmoins pathologique que si les 3 symptômes suivants apparaissent
Un
refus de nourriture
Deux
perte de poids
Trois
aménorrhée (absence de règles)
D’autres signes comme :

Le risque de suicide arrive plus tard, souvent à la sortie de l’anorexie ou de la boulimie s’il n’y a pas un travail thérapeutique fait en profondeur. Le mal être relativement maitrisé avec les troubles du comportement alimentaire, refait surface avec un état dépressif et des troubles anxieux.

Un événement déclenchant peut être incriminé : conflit ou séparation familiale, deuil, naissance, divorce, échec scolaire, rupture sentimentale, etc.

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Questionnaire de dépistage

Plusieurs questionnaires dédiés aux troubles alimentaires sont disponibles pour les médecins. En 1999, en Angleterre, J. Morgan et al. ont créé une échelle composée de 5 questions, appelée SCOFF (Sick, Control, One, Fat, Food). L’objectif des auteurs était de développer un outil fiable, simple et rapide, permettant de repérer les sujets à risque ou atteints de TCA, pour le dépistage et l’utilisation épidémiologique.

Le SCOFF constitue un instrument utilisable dans le cours de l’entretien médical. Il est constitué de cinq question et dès lors que la personne répond oui à deux questions ou plus, il y a possibilité d’anorexie ou de boulimie.

Ces questions sont :
  • Vous faites-vous vomir parce que vous vous sentez mal d’avoir trop mangé ?
  • Vous inquiétez-vous d’avoir perdu le contrôle de ce que vous mangez ?
  • Avez-vous récemment perdu plus de 6 kilos en 3 mois ?
  • Pensez-vous que vous êtes gros(se) alors que les autres vous trouvent trop mince ?
  • Diriez-vous que la nourriture domine votre vie ?
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L’anorexie mentale masculine

Elle est beaucoup plus rare que chez la fille, l’anorexie mentale peut concerner les garçons dans une proportion qui oscille entre 3 et 20 % des cas selon les auteurs.

Le comportement anorexique du garçon s’installe :

  • soit au sein d’une organisation psychopathologique plus définie telle qu’une psychose, marquée alors par un investissement délirant de la nourriture ou de l’incorporation, ou bien une schizophrénie (près d’un tiers des cas) ;
  • soit dans la prolongation d’une anorexie de la petite enfance.

La crainte de l’obésité (en partie sous-tendue par des antécédents infantiles) paraît au second plan derrière l’importance de l’angoisse et des manifestations hypocondriaques retrouvées plus souvent que chez la fille.
Notons enfin des fragilités narcissiques importantes chez ces adolescents.

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Traitement

Boulimie

Il convient de distinguer boulimie et obésité :

La boulimie est maintenant acceptée comme faisant partie des conduites de dépendance, elle peut être en lien avec l’alcoolisme et la toxicomanie.

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Une crise de boulimie répond aux deux caractéristiques suivantes

La crainte chez ces sujets de devenir gros avec une difficulté consciemment ressentie dans le vécu de l’image du corps. Le rapport négatif à son corps et à l’image de son corps semble un élément important du pronostic, en particulier chez les garçons.

Comportements compensatoires inappropriés et récurrents, visant à prévenir la prise de poids, tels que : vomissements provoqués, emploi abusif de laxatifs, diurétiques, lavements ou autres médicaments, jeûne, exercice physique excessif .

La boulimie est dite pathologique selon le DSM-III-R puis IV lorsque les crises de boulimie et les comportements compensatoires inappropriés sont récurrents et surviennent tous deux en moyenne au moins deux fois par semaine pendant trois mois.

L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la forme corporelle.

D’autres conduites addictives sont souvent présentes : automédication paranxiolytique ou somnifère (50 % de la population selon Aimez), alcoolisme régulier ou prise massive d’alcool, pharmacodépendance (aux anorexigènes ou amphétamines). Pour certains auteurs, la boulimie trouve sa place dans les multiples conduites addictives décrites chez l’adolescent et s’inscrit dans une pathologie de la dépendance, véritable « toxicomanie alimentaire ».

En cas d’association entre boulimie et conduites addictives, il conviendra d’envisager la possibilité d’un trouble bipolaire sous-jacent.
Certains symptômes dépressifs sont exprimés par une majorité de patients boulimiques (dévalorisation, culpabilité, désespoir). La dévalorisation de l’image du corps est très fréquente avec le désir de changer de poids (chez les filles c’est toujours le désir de maigrir, chez les garçons c’est parfois le désir de grossir).

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Traitement :

On note souvent une difficulté à établir une relation stable avec les patients boulimiques, marquée par une distance souvent au départ, il faudra du temps pour déployer une relation thérapeutique satisfaisante. A la fuite ou à la rupture au départ peut se succéder des phases d’investissement intense, de transfert, de mise en lien qui permettront d’avancer.

Un travail sur l’image de soi:

ne plus se dénigrer, initier une nouvelle image de l’anorexique ou du boulimique, rassurer et leur faire prendre conscience qu’il y a une distorsion de la perception qu’ils ont d’eux-mêmes. Faire le deuil du poids idéal.

Un travail d’étayage :

la plupart évoquent une sensation de vide, comme un « puits sans fond ». Les aider à s’appuyer sur des choses concrètes de leur vie, en mobilisant leurs ressources, renforcer le lien avec le thérapeute qui peut permettre d’être une corde de rappel et de soutien pour visiter ce vide en eux, ne pas en avoir peur. Dans le vide il y a possibilité de création et de richesse.

Un travail sur les émotions :

les émotions sont anesthésiées ainsi que la souffrance. Il est donc nécessaire de leur faire ressentir à nouveau, au lieu de rester dans le verbal et dans la tête, donner la possibilité de sentir dans le corps. La peur d’être débordées par les émotions est fréquente car les sentiments de rage et d’avidité qui l’accompagnent sont extrêmement difficiles à vivre.

Un travail de groupe en thérapie :

donne la possibilité à chacun de s’exprimer et de reconnaitre la similitude des situations, d’entendre l’autre en parler diminue la honte, la peur du jugement. Le groupe rend moins dangereuse la relation.

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